Review Spinoza: L’homme qui a tué Dieu joserodriguessantos Janeiro 13, 2024

Review Spinoza: L’homme qui a tué Dieu

Littérature Maçonnique

France

Spinoza : L’homme qui a tué Dieu

Quatrième de couv’ :

Comment Spinoza a inventé le monde moderne.

Amsterdam, 1640. Un homme est excommunié de la communauté juive portugaise à Amsterdam pour avoir remis en question les Écritures. Le jeune Benoît de Espinosa assiste à la scène et l’épisode fait germer en lui un doute. Et si ce que raconte la Bible était faux ? Le soupçon va lancer Bento dans la plus grande quête intellectuelle qui soit. Qui a vraiment écrit les textes sacrés ? Quelle est la vérité sur Dieu ? Qu’est-ce que la nature ? Toutes ces questions sont interdites et le jeune Spinoza va bientôt en payer le prix. Rabbins et prédicateurs chrétiens commencent à le persécuter et l’accusent d’hérésie.

Inspiré par la vie prodigieuse du plus grand philosophe portugais de tous les temps, J.R. dos Santos nous raconte comment Spinoza a mis fin à l’âge des ténèbres et inventé le monde moderne. Comment il est devenu  » L’homme qui a tué Dieu « .

En quelques mots :

L’année 2023 a été celle de José Rodrigues dos Santos. Après « La femme au dragon rouge » sorti à la fin du printemps, il publie une nouvelle fois chez Hervé Chopin éditions, « Spinoza : L’homme qui a tué Dieu ». Entretemps, l’auteur a vu son personnage principal Tomas Noronha prendre vie sur la plateforme de streaming portugaise Globoplay. Le roman Codex 632 a été adapté par la RTP et diffusé sur sa plateforme. C’est l’acteur Paulo Pires qui prête ses traits au célèbre cryptographe.

Le ton du roman est donné dès la première de couverture avec la mention : « l’homme qui a tué Dieu » et s’il y a bien un philosophe que les maçons aiment citer, c’est bien lui. Roman biographique ou roman philosophique, voilà comment on peut décrire le nouveau-né de l’auteur portugais. Une approche moins rébarbative comme on pourrait le retrouver dans d’autres ouvrages du même style. À l’annonce de ce roman sur ce philosophe, il était difficile de ne pas faire le parallèle avec le roman de Jacques Schecroun, sorti en 2021. Bien que ce dernier s’attaque principalement à l’excommunication de Spinoza.

Celui que l’on nomme encore Bento de Espinosa est issu d’une famille juive portugaise et installé à Amsterdam pour échapper aux persécutions religieuses. Il est ce qu’on pourrait dire aujourd’hui, un enfant surdoué. Il comprend tout et à une capacité d’analyse défiant tout. Il n’était pas prédestiné à devenir le philosophe que nous connaissons mais plutôt un rabbin très impliqué dans la communauté juive.

José Rodrigues dos Santos réussit son tour de force en romançant la vie de celui a révolutionné notre façon de voir le monde malgré des croyances fortement ancrées. Malgré les capacités intellectuelles de Bento, sa vie n’a pas été de tout repos. Le jeune homme a connu bien des malheurs dans sa vie personnelle. Malgré tout ça, on va se concentrer sur ses capacités et l’enseignement religieux mais aussi sur les questions dérangeantes qu’il va poser sur les Saintes-Écritures. Avoir un regard neuf sur la Torah, remettre en question les dogmes du judaïsme, rechercher les influences de la religion comme un régulateur de la société, il n’en faut pas de plus pour mettre le feu aux poudres.

La menace et l’exécution du « cherem » (excommunication), Spinoza sera interdit de s’adresser aux membres de sa famille ou de sa communauté. Il devra abandonner l’affaire familiale et de lancera dans le commerce des lentilles d’optique. Pourtant, il n’est pas un athée stupide, il a simplement une autre interprétation de Dieu. Selon lui, il n’est en rien un être surnaturel mais plutôt une sorte interprétation de la Nature. Toujours selon Spinoza, la religion doit servir d’enseignement pour respecter son voisin comme on souhaite qu’il nous respecte.

Pour finir cette chronique, la pensée de Spinoza est très souvent indigeste et mon souvenir des cours de philosophie tenait d’une séance de masturbation cérébrale. Pourtant ce roman permet d’appréhender la pensée révolutionnaire de Spinoza, de balayer de la main les cours ex cathedra de philo et de marquer le début d’un bouleversement philosophique des sociétés européennes. Le philosophe était sûrement en avance sur son temps comme pouvait l’être quelques-un de ses contemporains. N’oublions pas qu’il a posé les bases de nos démocraties et que celles-ci n’ont jamais aussi fragilisées. À lire, si ce n’est pas déjà fait.

Biblio :

DOS SANTOS, José Rodrigues. Spinoza : L’homme qui a tué Dieu. Bordeaux : HC éditions, 2023. 570 p. ISBN 978-2-357-20714-1

Littérature maçonnique: Spinoza : L’homme qui a tué Dieu